Le Conseil Départemental de la Creuse s’acharne contre les plus Pauvres !
Le RSA est le dernier filet de protection pour les plus démunis. A hauteur de 550 Euros par mois, il est versé par la CAF ou la MSA sur instruction du Conseil Départemental. En Creuse, à peine 3 000 personnes sont concernées.
Elles sont pour l’essentiel victimes des accidents de la vie : santé, chômage, divorce, femmes seules avec enfants, personnes isolées, sans moyen de transport… Macron et tous les partis de droite veulent à l’automne conditionner le versement du RSA à une « activité de 15 à 20h par semaine ».
La présidente du Conseil Départemental de la Creuse souhaite que notre département se porte candidat à une expérimentation sur cette conditionnalité de versement du RSA.
Fainéants de pauvres ?
La destruction des services publics, de la Sécurité sociale et la « dématérialisation » des démarches privent des dizaines de milliers de personnes des aides sociales qui leur sont dues. Toutes aides confondues, on estime à 30% le non recours au droit. Dans le même temps, les patrons sont gavés de subventions et d’exonérations de cotisations sociales (150 milliards d’euros par an, c’est 10 fois plus que l’argent dépensé pour le RSA). Et s'il se trouve forcément quelques malins pour gratter quelques centaines d’euros d’aides indues, c'est incomparable aux 80 milliards que les plus riches camouflent dans les paradis fiscaux chaque année. Les associations caritatives comme le Secours catholique, Secours populaire, Emmaüs sont farouchement opposées à cette mesure. C’est cela la solidarité.
RSA et « activité » ?
En vérité, une part importante des bénéficiaires du RSA sont déjà des travailleurs précaires. Certains sont auto-entrepreneurs, aide-ménagères, d’autres lancent une boutique, un artisanat, une activité agricole, …
Madame Simonet se trompe de combat. L’objectif du RSA n’est pas de « trouver une activité » aux bénéficiaires mais de faciliter les liens entre le RSA et les revenus du travail.
En effet, Le RSA se calcule par trimestre. Une activité rémunérée sur un seul mois peut faire sauter un trimestre entier de RSA (exemple : Mme X ne travaille pas en mai, travaille en juin mais pas en juillet ; résultat elle n'a plus le droit au RSA en aout/septembre/octobre).
Plus largement, cette proposition démontre la vision archaïque de Madame Simonet du lien entre citoyen / travail. Certaines personnes n’ont pu acquérir de formation professionnelle pour de multiples raisons mais elles sont investies en tant que citoyennes, elles œuvrent pour la société par d’autres biais : bénévolat, solida-rité de voisinage, aidants, parents ayant développés des compétences éducatives au travers de leurs enfants, participation à la vie de leur quartier, de leur village…
RSA et « insertion » ?
Les travailleurs sociaux qui accompagnent au quotidien les bénéficiaires, malgré le manque de moyens et de personnels, n’ont guère apprécié le bilan négatif de leur travail tiré par Madame Simonet, présidente du Conseil Départemental dans sa déclaration au journal « La Montagne ». Au mépris des plus démunis, Madame Simonet ajoute le mépris des salariés du secteur social. Les agents du Département (travailleurs sociaux, chargés en insertion professionnelle notamment) œuvrent déjà à l’accompagnement des bénéficiaires du RSA face aux problématiques d’accès aux soins, de garde d’enfant, de formation, de mobilité, apprentissage du numérique… Affirmer vouloir mettre en place des actions pour le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA traduit d’une méconnaissance de la réalité des situations et des actions déjà mises en place par le département lui-même. Il traduit un mépris éhonté du travail déjà réalisé par les agents du Conseil Départemental qui ont simplement besoin d’être assurés de disposer des moyens suffisants pour assurer leurs missions, et de la confiance nécessaire pour pouvoir le faire sereinement.
Même colère pour les salariés de la CAF qui apprennent cette initiative dans le journal local sans aucune instruction ou information de leur hiérarchie. Si Madame Simonet souhaite faire un coup politique, du côté des allocataires les questions affluent vers les plateaux téléphoniques de la CAF. Cela met en difficulté les salariés car ils n'ont pas de réponses à donner pour le moment (les allocataires appellent plus souvent l'organisme qui paie plutôt que l'organisme décisionnaire).
Les services des prestations de la CAF et de la MSA de la Creuse sont déjà en souffrance (manque de per-sonnel, arrêts maladies non remplacés et postes vacants non pourvus). Le système informatique actuel est obsolète ce qui augmentent les délais de traitement de tous les bénéficiaires ; RSA y compris.
La CAF 23 traite actuellement les documents de juin 2022 (annonce sur caf.fr)
Avant la mise en place de son « expérimentation, nous espérons que Madame Simonet a prévu un grand plan de recrutement et de formation envers les agents de la Conseil Départemental et des salariés de la CAF et de la MSA !
RSA et « emploi » ?
Accidentés de la vie, les bénéficiaires du RSA sont majoritairement des personnes fragilisées. Et ce sont-elles qui devraient combler les manques de personnel dans les EHPAD, dans les crèches et les écoles ? Madame Simonet « entend les employeurs privés expliquer qu’ils ne recrutent pas par manque de candidats » alors elle souhaite que les personnes les plus fragiles comblent ces difficultés de recrutement dans les métiers dit en tension. Tous ces métiers avec des amplitudes horaires incompatibles pour une vie de famille mono parentale et nécessitant une bonne forme physique et mentale, elle les réserve pour les bénéficiaires du RSA sous forme de bénévolat ? De qui se moque-t-on ? Seul des salaires attractifs corrélés à un plan massif de recrutement améliorant les conditions de travail, de formation et de reconnaissance des qualifications permettront de redonner leurs lettres de noblesse aux métiers manuels de l’artisanat, du bâtiment, du patrimoine tels que : carreleur, charpentier, couvreur, maçon, métallier, mosaïste, plombier, tailleur de pierre, métiers d'art, de bouche, industriels…
RSA et « salaire » ?
La Présidente du Conseil Départemental fait là une annonce populiste qui ne vise qu’à stigmatiser la part la plus précaire de la population, et à dévaloriser le travail salarié.
En attendant les précisions du gouvernement, nous ignorons toujours sous quelle forme ces heures « d’activité » seraient, ou pas, rémunérées. Les personnes concernées ne sortiront pas de la misère ! Et dans le pire des cas, il s’agira de remplacer des salariés payés et formés par des bénévoles.
C’est pourquoi la CGT est mobilisée pour une hausse des salaires avec un partage du travail à 32 heures par semaine. Et nous exigeons pour toutes les personnes privées d’emploi un revenu au minimum égal au Smic que nous voulons revaloriser à la hauteur de 15 euros de l’heure soit 2 000 Euros brut par mois.
Dans l’immédiat, nous demandons au Conseil départemental de renoncer à lancer cette « expérimentation ». Les pauvres ne seront pas des souris de laboratoire !